Édito du 22/09/2023
La Nef n’est pas anthroposophe
mais la Nef dérange…
Depuis quelques jours, certains esprits chagrins réactivent de vieilles accusations contre la Nef sur ses liens supposés avec l’anthroposophie. De vieilles histoires, complètement dépassées et définitivement enterrées lors de notre dernière Assemblée Générale.
Pour clore toutes les polémiques de façon démocratique, un grand processus de débat et de décision a été lancé au début de l’année dans notre coopérative. Une plateforme en ligne a été ouverte et utilisée par plus de 2000 sociétaires. Avec l’aide d’un prestataire externe, un groupe de sociétaires a été tiré au sort et a rédigé à partir du travail de la plateforme une résolution votée en AG à 99,7% (6909 votants).
“La Nef réaffirme qu’elle a pour but de financer des porteurs de projet positif écologiquement, humainement et socialement. Une charte, la gouvernance coopérative et la transparence sur les projets financés sont garantes de son indépendance philosophique, politique et spirituelle.”
Extrait de la résolution 8, “Réaffirmons notre indépendance”, votée en AG le samedi 13 mai 2023
Pour tous ceux qui cultivent le doute, nos sociétaires (47.000 personnes aujourd’hui) se sont clairement prononcés.
Il n’est sans doute pas anodin de constater que, au moment où la Nef conquiert son autonomie et secoue le monde financier, certains cherchent à la salir (sans d’ailleurs arriver à lui faire le moindre reproche concret sur ce que nous faisons au quotidien).
Reste une question cruciale : à qui profite le crime ?…
Bernard Horenbeek, Président du Directoire
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La Nef n’est pas anthroposophe.
La coopérative n’est pas un outil financier dédié ni dépendant d’une quelconque idéologie et elle cultive une totale indépendance politique, religieuse ou philosophique.
La Nef, une coopérative bancaire éthique dédiée à la transition écologique et sociale
Comme la plupart des banques éthiques en Europe, la Nef a été fondée par des citoyens qui souhaitaient remettre l’humain au centre de tous les mécanismes économiques et financiers. L’argent ne devait plus être une fin en soi, mais un moyen pour construire une société plus respectueuse des personnes et de l’environnement. Cette vision alternative de l’économie se retrouve dans le volet social des écrits de Rudolf Steiner, théoricien fondateur du mouvement anthroposophique qui a inspiré certaines banques et des fondateurs de la Nef. La Nef ne s’est en revanche jamais positionnée comme un outil financier dédié à ce mouvement comme en a témoigné son co-fondateur, Jean-Pierre Bidaut :
"Notre démarche consistait à financer ce qui venait à nous et nous semblait socialement utile, profitable pour l'ensemble du corps social. Il était clair depuis le début des activités de la société financière que le fait d'être lié ou non au courant anthroposophique ne rentrait pas en ligne de compte et ne pouvait, en aucune façon, être, pour nous, un critère. La Nef n'était pas une institution destinée à ne financer que des projets issus de ce courant de pensée. Tout en reconnaissant que ce courant a été le premier soutien de la Nef, pour des raisons compréhensibles, celle-ci a toujours cultivé son indépendance."
Jean Pierre Bidaut, co-fondateur de la Nef
Extrait de “Economie fraternelle et finance éthique : l'expérience de la Nef” de Nathalie Calmé - Edition Yves Michel - octobre 2012
La Nef est passée de 700 sociétaires en 1988 à plus de 80 000 clients et sociétaires en 2023. C’est avec des partenaires et sociétaires issus majoritairement des mouvements écologistes et de l’économie sociale et solidaire que s’est formée l’identité de la coopérative.
Depuis 1988, 7 000 projets écologiques, sociaux et culturels ont été financés par la Nef pour 800M€. Notre coopérative est reconnue aujourd’hui comme un des principaux financeurs solidaires en France :
En 2022, la Nef est, avec le Crédit Coopératif, le plus important contributeur au financement d’associations et d’entreprises solidaires en France, d’après le Zoom 2023 sur la finance solidaire de FAIR.
La Nef compte ainsi parmi ses clients des entreprises et associations engagées dans la transition écologique et sociale telles que Veja, Biocoop, Ethiquable, Action contre la faim etc... ainsi que de nombreuses collectivités locales.
Des activités et engagements contrôlés et reconnus par l’état et des organismes tiers, depuis 1988
La Nef répond aux exigences des autorités comme toutes les banques et son agrément auprès de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, organe de la Banque de France) implique une surveillance permanente de ses activités par la Banque de France.
Tous les produits d’épargne de la Nef sont labellisés FINANSOL. Ce label, porté par l’association FAIR, garantit que les produits de la Nef “répondent à des critères exigeants de solidarité, transparence et informations”. Le respect des critères est contrôlé tous les ans par le comité du label.
Les actions et engagements de la Nef sont également reconnus depuis plusieurs années par des ONG comme Alternatiba, Les Amis de la Terre, Oxfam France ou Reclaim finance ; ces organisations auditent l’activité de la coopérative.
- “La Nef est la coopérative historique de la finance solidaire. (...) La Nef est un établissement exemplaire en termes de transparence. C’est le seul établissement bancaire français à être 100% transparent sur l’utilisation de ses fonds. Chaque année, elle publie un rapport indiquant l’ensemble des projets financés grâce aux dépôts de ses clients.” Reclaim Finance 2022
- La Nef : n°1 du classement Choisis ta banque 2022 - Les amis de la Terre France. “Banque éthique, la Nef est transparente sur l’usage fait de l’argent qui lui est confié, et ne finance que des activités à forte valeur ajoutée sociale, culturelle ou environnementale.”
En janvier 2022, le cabinet Carbone 4 atteste que la Nef est l’établissement financier au plus faible impact carbone en France.
Acteur historique de l’économie sociale et solidaire, la Nef a obtenu l'agrément entreprise solidaire en 2002 devenu agrément ESUS en 2014 (renouvelé tous les 5 ans) : un agrément d'État exigeant qui valide à la fois le respect des conditions d'appartenance à l'économie sociale et solidaire et la réalité d'un impact social significatif de l'activité sur les besoins socioéconomiques du territoire d'intervention.
Le rapport 2021 de la Miviludes mentionne la Nef, sans alerter sur un quelconque risque de dérive sectaire concernant la coopérative
De nombreux propos diffamatoires ciblant la Nef et allant jusqu’à accuser la coopérative de dérives sectaires s’appuient sur le dernier rapport d’activité de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) publié le 3 novembre 2022.
Sur les 216 pages de ce rapport, la Nef est citée 1 fois, dans le paragraphe d’introduction du chapitre dédié à l’anthroposophie. 5 pages du rapport sont ensuite consacrées aux risques de dérives sectaires de la médecine anthroposophique et des écoles Steiner mais il n’est plus question de la Nef et aucun risque de dérive sectaire n’est mentionné pour la coopérative La Nef .
Dans le paragraphe citant la Nef, il est mentionné que «… le mouvement exerce une influence prépondérante sur certains établissements bancaires « éthiques » au pouvoir financier extrêmement important comme Triodos, GLS ou, en France, la Nouvelle économie fraternelle (Nef). ».
Cette assertion atteste du manque d'information et d'analyse approfondie dont font preuve ceux qui associent la Nef à ces dérives :
- "Influence prépondérante” est flou. L’action principale d’un établissement bancaire étant les flux financiers, le mouvement anthroposophe aurait une influence sur les flux financiers de la Nef. Ce n’est pas le cas et facilement vérifiable étant donné la transparence de la Nef sur ses financements, comme détaillé ci-après.
- « Un pouvoir financier extrêmement important ». Rappelons la taille de la Nef par rapport aux acteurs bancaires français : la coopérative compte 80 000 clients, contre plusieurs millions pour n’importe quelle autre banque française. Elle “pèse” 1 milliard d’euros de bilan, c’est 1400 fois moins que la moyenne des grandes banques françaises, 2600 fois moins que la plus grande banque française..
La Nef déplore le manque de sérieux et de moyens alloués à cette mission interministérielle (sous-effectif, poste vacant, démission de sa cheffe le 14/12/2022 et son président, emporté par le scandale du fonds Marianne) et les dysfonctionnements qui en découlent. Les équipes de la Miviludes n’ont jamais visité nos locaux, ni interrogé nos équipes, ni audité notre activité. Malgré plusieurs demandes et relances de la part de la Nef et de sa direction depuis le 15/11/2022, la Miviludes n’a pas souhaité éclaircir les propos de son dernier rapport.
Nous déplorons également l’instrumentalisation politique de ce rapport et les raccourcis qui ont été faits afin de décrédibiliser l’activité de notre coopérative, de nos clients et de nos partenaires.
Des financements totalement transparents
La Nef est le seul établissement financier français à publier, chaque année, la liste complète de ses financements. Pas de financements occultes ou cachés : chacun peut vérifier dans quels projets l’argent est investi.
On peut ainsi facilement vérifier que la Nef ne finance pas la société anthroposophique universelle, ni la société anthroposophique en France. Elle n’entretient pas non plus de liens institutionnels avec ces structures.
- Ecoles Steiner
Il a été reproché à la Nef de financer les écoles Steiner - Waldorf alors que celles- ci sont pointées du doigt dans le rapport de la Miviludes. Or la Nef ne finance plus d’écoles Steiner depuis 2019. Cette année-là, cela représentait 1 prêt sur 445 et 0,15% du montant total prêté. En 2018, 1 prêt sur 416 et 0,04% du montant prêté. La Nef reste bien sûr attentive aux risques de dérives sectaires identifiés par rapport à cette pédagogie, qui reste néanmoins à ce jour reconnue et autorisée par l'État.
A noter :
- plusieurs écoles Steiner-Waldorf en France ne sont pas financées par la Nef et le sont par d’autres banques qui ne publient pas la liste de leurs financements et que l’on ne peut donc pas identifier.
- le financement par la Nef des écoles Steiner-Waldorf s'inscrit dans une politique de financement des pédagogies actives au sens large ou de projets d’engagements écologiques et solidaires des établissements scolaires. La Nef a ainsi également financé des écoles Montessori, Freynet, Démocratiques (type Sudbury), mais aussi des écoles publiques via le financement de collectivités locales.
- Collectivités locales
Certaines personnes physiques, personnalités politiques et médias ont fait, ces derniers mois, un lien rapide entre la Nef et les élus écologistes. Si l’ADN de la Nef est effectivement de financer des projets à plus-value écologique, sociale ou culturelle, les mairies ou collectivités “vertes” ne sont pas pour autant favorisées par la Nef. La Nef répond au cas par cas, en fonction des projets que les collectivités souhaitent financer, peu importe leur orientation politique. Sur la période 2020-2022, la Nef a ainsi financé 19 mairies PS, 16 DVD, 13 LR, 12 DVG, 6 EELV, 3 LREM, 2 PCF, 2 MODEM.
Une coopérative qui appartient à ses 47 000 sociétaires et qui affirme son indépendance
Le capital social de la Nef est détenu à hauteur de 80 % par des particuliers, et à hauteur de 20 % par des organisations et personnes morales. Chaque sociétaire détient le droit de vote en AG sur le modèle d’1 personne = 1 voix. De plus, le montant de capital détenu par 1 même sociétaire est limité. Parmi les dix plus importants détenteurs de capital on retrouve le fonds d’épargne salariale solidaire Mirova, la banque alternative suisse, Biocoop SA et la Fondation Macif. La composition du capital social de la Nef atteste de l’absence de dépendance au mouvement de l’anthroposophie.
À l'occasion de l’assemblée générale de mai 2023, les sociétaires de la Nef ont rédigé collectivement et voté à 99,7% POUR une résolution intitulée « Réaffirmons notre indépendance » affirmant l’indépendance philosophique, politique et spirituelle de leur coopérative :
“La Nef réaffirme qu’elle a pour but de financer des porteurs de projet positif écologiquement, humainement et socialement. Une charte, la gouvernance coopérative et la transparence sur les projets financés sont garantes de son indépendance philosophique, politique et spirituelle.”
Extrait de la résolution 8, votée en AG le samedi 13 mai 2023
Une gouvernance démocratique et participative et un directoire sans liens avec l’anthroposophie
Les membres du conseil de surveillance sont élus par les sociétaires lors des assemblées générales, pour une durée de 4 ans (ou pour la durée restant à courir sur le mandat de la personne qu’ils remplacent.) Le conseil de surveillance nomme à son tour le directoire, c'est-à-dire l’équipe dirigeante de l’entreprise, chargée de la gestion stratégique et opérationnelle. L’ensemble des dirigeants et conseillers de surveillance sont validés par la Banque centrale européenne et donc la Banque de France sur la base de “leurs compétences et leur honorabilité”.
Le conseil de surveillance est composé de personnes physiques et d’organisations (Biocoop et Terre de Liens), Aucune organisation issue du mouvement anthroposophe n’y est représentée. Les personnes physiques sont élues suite à une profession de foi partagée à l’assemblée générale des sociétaires, sur leurs expériences, leurs engagements, leurs compétences, leur motivation et en aucun cas sur leurs croyances individuelles, qu’elles soient religieuses, politiques ou philosophiques.
Le conseil de surveillance a un rôle de “surveillance” mais c’est bien le directoire qui pilote l’entreprise, prend les décisions stratégiques, notamment de financements et d’investissements.
“Non, je ne suis pas anthroposophe et Ivan Chaleil (2eme membre du directoire de la Nef) non plus. C’est très clair : à la Nef, ceux qui décident d’accorder ou non des crédits, ne sont pas anthroposophes.”
Bernard Horenbeek, Président du directoire de la Nef